Pourtant rare capitale européenne à ne pas disposer de casinos, le Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé ne pas vouloir céder aux sirènes quant à l’ouverture d’un casino parisien, préférant privilégier la piste des « clubs » de jeux tels qu’ils existent à Londres, à savoir des organismes bien encadrés, loin des très sulfureux « cercles de jeux ».
S’agit-il pour autant d’un retour en arrière ?
En effet, la dérive des cercles de jeux parisiens , qui ont été accusés les uns après les autres de liens avec le grand banditisme ou de blanchiment d’argent alors qu’ils avaient été placés sous le régime de la loi de 1901 relative aux associations à but non lucratif, a conduit l’exécutif à les fermer. Néanmoins, afin d’éviter la propagation d’une économie souterraine liée aux jeux de hasard, les pouvoirs publics ont dû vite réagir. C’est ainsi qu’il a été demandé au Préfet honoraire Jean-Pierre Duport, ancien président de la Commission Supérieure des Jeux, d’établir un rapport pour une nouvelle offre légale de jeux à Paris.
Régis jusqu’à présent par un cadre juridique obsolète dont est issue la loi du 15 juin 1907, les casinos doivent par principe seulement se situer dans des « communes classées stations balnéaires, thermales ou climatiques ». Les communes classées « stations de tourisme » sont depuis 1988, par dérogation, autorisées à faire la demande d’ouverture d’un casino, pourvu qu’elles respectent certaines conditions. Cela a permis l’ouverture d’un casino dans des villes d’envergure telles que Bordeaux ou Toulouse. Paris fait figure d’exception en la matière puisqu’une loi de 1919 interdit les jeux de hasard dans un rayon de 100 kilomètres, ce qui a notamment conduit à la prolifération de cercles de jeux au sein de la capitale. Toutefois, Enghien-les-Bains bénéficie d’un régime particulier depuis 1931, ce qui a permis à son casino de devenir depuis le numéro 1 français en termes de bénéfices. La municipalité ainsi que les salariés craignent néanmoins la libéralisation du secteur ainsi que le manque à gagner pour leur ville. En effet, l’ouverture d’un casino parisien rapporterait entre 20 et 25 millions d’euros par an à la Ville de Paris et plus de 45 millions d’euros par an à l’Etat.
Des avis controversés
Le projet de casino parisien est cependant loin de faire l’unanimité auprès des politiques, que ce soit pour des considérations morales ou bien de craintes de troubles à l’ordre public. Seuls l’UDI et le PRG y sont favorables tandis que les communistes, les verts et la droite y sont farouchement opposés. Anne Hidalgo, la Maire de Paris n’a quant à elle jamais caché sa frilosité face à ce projet. Elle a même publiquement déclaré ne pas être « demandeur » alors que pourtant les premières conclusions du rapporteur Duport allaient dans le sens contraire.
Bernard Cazeneuve a finalement tranché lors de la présentation du rapport à la presse en optant plutôt pour la création de « clubs » de jeux dans l’esprit de ceux ouverts à Londres, préconisant par la même que ces clubs soient soumis à un régime fiscal similaire à celui des casinos afin d’assurer un meilleur contrôle de leurs finances et d’éviter les déboires de leurs prédécesseurs. Toutefois, sur le fond et dans la forme, ces clubs demeurent similaires aux cercles de jeux puisqu’ils sont créés sur autorisation expresse et révocable du Ministre de l’Intérieur tandis qu’une carte de membre est nécessaire pour y accéder. De plus, certains jeux ne pourront être qu’exclusivement exploités par les casinos, comme les machines à sous ou la roulette. L’apparition de ces clubs est prévue pour 2016. Affaire à suivre !